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plusieurs centaines de mille francs de revenus et qu’il ne serait pas facile de transporter ainsi à l’étranger d’énormes capitaux sans courir le danger de rencontrer de mauvais placements et même des impôts peut-être supérieurs à ceux que l’on payerait en France.

Quand on parle d’énormes fortunes, il y a un nom qui se présente de lui-même à la mémoire, comme celui de Crésus chez les anciens. Le Crésus actuel, chez les Français, c’est M. de Rothschild. On lui prête dit-on un grand nombre de milliards. Admettons même qu’il ne soit pas nécessaire de les lui prêter et qu’il les possède réellement. Pour faire la bonne mesure, une mesure moyenne, admettons qu’il soit propriétaire de 4 milliards de francs et que cette somme rapporte 120 millions par an, si elle est placée à 3 %, ou 160 millions si le taux est de 4 %. Ces millions sont prélevés naturellement sur le travail Français. Quel intérêt ce travail a-t-il à payer cet énorme tribut à un seul capitaliste ? Lui parti, ne restera-t-il pas en France assez d’autres capitaux pour remplacer ceux-là ? Il semble vraiment que les moutons Français éprouvent le besoin de se faire tondre par un seul capitaliste, au lieu de s’adresser à d’autres fortunes moins considérables et qui seraient naturellement très nombreuses, répandant autour d’elles le produit de leurs revenus au lieu d’accumuler ces revenus et de grossir chaque année davantage une fortune trop considérable. Car il faut bien se rendre compte de ce fait que plus la richesse d’un seul est considérable, plus il lui est facile d’augmenter son capital, c’est-à-dire d’en priver le travail et de soustraire ce revenu à la circulation.

Laissons donc toute liberté à quelques riches égoïs-