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Russie, [1] 1 milliard en Italie, 1 ou 2 milliards en Espagne, etc., en tout environ 20 milliards, placés à l’étranger. Si l’intérêt moyen de cette somme est de 4 %, ce n’est pas moins de 800 millions que nous prélevons chaque année sur le travail de l’étranger au lieu de le prélever sur le travail national. C’est donc celui-ci qui se trouve libéré de cet énorme tribut. C’est même fort heureux, car il en a assez d’autres à supporter en impôts de toutes sortes, en intérêt de la dette hypothécaire, en dividende et intérêt d’actions et obligations industrielles, etc. Et la preuve que les capitaux restant en France sont plus que suffisants pour alimenter le travail utile, c’est que la plus grande partie de ces capitaux est placée à un taux de 3 % et même inférieur à 3 %.

C’est donc une crainte imaginaire ou peut-être même imaginée, que de soutenir cette thèse que l’impôt sur le revenu produirait une émigration dangereuse à l’étranger. Lorsque l’impôt sur le revenu a été pratiqué en Angleterre, en Italie, en Allemagne et ailleurs, a-t-on vu les capitalistes de ces pays envoyer leurs capitaux en France, ou venir eux-mêmes s’y installer pour éviter de payer dans leur pays leur part d’impôt.

Pourquoi supposer que les capitalistes Français sont plus égoïstes et moins patriotes que les Anglais, les Autrichiens et les Prussiens.

Remarquons du reste que la progression de l’impôt ne deviendrait un peu sensible qu’à partir de

  1. Quelques statistiques portent même à 12 milliards les fonds français placés en Russie, en y comprenant les diverses industries qui s’y développent depuis 20 ans.