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pas là la justice dans l’impôt ? Est-ce au pauvre que l’État doit demander les ressources nécessaires pour garantir de sa protection ceux qui en ont le plus besoin, c’est-à-dire ceux qui possèdent les plus grands biens et les plus grandes richesses ? La pauvreté est une suffisante gardienne pour ceux qui n’ont rien. La force publique protège surtout ceux qui ont des capitaux, des châteaux et des domaines ; n’est-ce pas à ces derniers à en payer les frais ?

À un point de vue très général et très élevé, on pourrait soutenir que l’impôt proportionnel a quelque chose de matérialiste et de païen, parce qu’il ne considère que la chose, c’est-à-dire la matière ; et que l’impôt personnel, plus ou moins progressif sur le revenu a quelque chose de plus spiritualiste et de plus conforme au christianisme, parce qu’il considère l’homme et ses facultés vraies. Il favorise la marche du travailleur vers un état social meilleur ; il contribue à diminuer, lentement, il est vrai, l’extrême inégalité des conditions ; il favorise la réalisation de la fraternité, qui n’existe actuellement que dans une vaine formule. L’expérience démontre que l’impôt dit proportionnel frappe, au contraire, le travail et le pauvre dans une proportion plus grande que le riche, et qu’il a, pour couronnement immoral, la confiscation de la liberté et de la richesse au profit de quelques-uns et la dégradation du grand nombre ; il est contraire au but, à l’enseignement, aux préceptes du christianisme tel qu’il résulte des véritables traditions. Moïse, par son jubilé, par sa défense du prêt à intérêt, c’est-à-dire à usure ; 1600 ans plus tard, Jésus-Christ, par ses préceptes de fraternité ; enfin,