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pouvons facilement nous passer, et versons-la dans ce trésor public qui doit favoriser et soulager le travail, au lieu de l’épuiser. Comment ! sur trente mille francs de revenu, nous ne pourrions pas en retrancher deux mille ; sur cent vingt mille, onze mille ? sur six cent mille, cent mille ? Nous en payons déjà, objectez-vous. Oui, mais voyez donc ce qui vous reste. Et, d’ailleurs, cet impôt progressif qui vous inspire une crainte chimérique va en remplacer plusieurs autres très mal répartis, basés sur de simples probabilités, très compliqués, d’une perception dispendieuse, que vous payez aujourd’hui et que vous ne paierez plus.

Voyons, Messieurs les propriétaires au nombre de deux cent cinquante mille, qui possédez plus de la moitié de la richesse française, et je m’adresse ici au moins autant aux possesseurs des capitaux qu’aux possesseurs de la terre, acceptez de bonne grâce cet impôt progressif, comme une concession bien due aux millions de travailleurs qui vous font vos rentes. S’ils se mettaient en grève, s’ils continuaient à déserter les champs, si leur nombre se réduisait de plus en plus, que deviendraient vos rentes et vos capitaux, et que deviendriez-vous vous-mêmes ? Aidez-les, au moins, à continuer à vous procurer ce superflu qui est nécessaire et qui serait légèrement diminué.

En 1887, le ministère des travaux publics a fait paraître un album de statistique graphique, d’après une statistique agricole publiée en 1882. Malgré les incertitudes de ce travail, le journal Le Temps a vanté l’excellence de notre régime de la propriété, sans s’apercevoir que ces renseignements n’expliquaient à peu près rien, ou plutôt, confirmaient