Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous le sommes déjà, grâce à une fiscalité qui nous épuise depuis un siècle. Vous aurez toujours besoin de notre travail, et, quand, au lieu de cent mille francs de rente, il vous en restera encore quatre-vingt-cinq après l’impôt payé, vous aurez toujours besoin de nos bras, et vous aurez encore de quoi payer notre travail ; c’est sur vos dépenses et vos fantaisies inutiles que vous pourrez prendre. Cette sollicitude est-elle bien sincère ? Les ouvriers agricoles, les petits propriétaires ruraux intéresseront-ils à ce point nos gros agriculteurs ? N’y a-t-il pas là une autre préoccupation dominante ? Si chaque cultivateur devient par son travail, possesseur d’assez de terres pour vivre sur lui, qui labourera le sol des possesseurs des grands domaines ? Il y a là un changement possible de situation qui les intéresse.

9° L’objection suivante est encore plus déconcertante : quand l’impôt sur le revenu, dit la circulaire, aura mis les grands propriétaires dans l’impossibilité de conserver leurs biens, le petit cultivateur et le simple paysan s’en trouvera-t-il mieux ? Les grandes propriétés seront vendues à vil prix ; la baisse générale sera un désastre pour la population tout entière.

Mais, mon pauvre millionnaire, quel est donc le révolutionnaire qui vous a inspiré cette phrase ? vous n’avez donc pas compris que, si même avec l’impôt progressif, ce phénomène se réalisait, le petit propriétaire et le fermier n’auraient plus à vous payer ni fermage ni intérêts de capitaux, et que jamais l’impôt qu’ils paieraient à l’État n’atteindrait seulement le quart de ce qu’ils vous paient actuellement. Et vous ajoutez : le prétendu impôt sur les riches deviendra,