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réfléchisse lui-même au moyen d’échapper pacifiquement à la violence d’une révolution économique, et qu’il propose des corrections peut-être meilleures que celles énoncées dans les pages hâtives qui précèdent. Le temps, en cette matière, comme en bien d’autres, est un élément indispensable. Les esprits ne sont peut-être pas encore préparés, en France, à comprendre la nécessité de cette réforme. Ce n’est pas en un jour, ni même en une année, que les Pitt et les Robert Peel, en Angleterre, les de Miquel en Allemagne, les Giolitti et les della Volta en Italie, les Pierson en Hollande, les Numa Droz et autres en Suisse, ont pu arriver à imprimer d’abord une autre direction aux esprits et confier ensuite aux législateurs la rédaction du texte de nouvelles constitutions.

Surtout dans notre France, à peine sortie d’un passé monarchique d’une puissance et d’une grandeur quinze fois séculaires, il faut compter avec le temps, avec la patience et la bonne volonté des uns, la passion des autres, les traditions difficiles à oublier, les préjugés et la peur des mots. L’hérédité et la routine imposent chez nous plus qu’ailleurs des limites à l’amplitude des réformes. Il y a dans cet ordre d’idées, quelque chose de semblable à ce qui se passe dans nos vieilles cités où le redressement des lignes et des habitations présente des obstacles qui, naturellement, ne se rencontrent pas dans la construction d’une ville nouvelle. Depuis un siècle on apporte à notre édifice fiscal, tantôt ici, tantôt là, une pièce nouvelle qui remplace une autre trop ancienne. Mais il n’a pas encore été possible de constituer un système nouveau, basé sur des certitudes, en ce qui concerne la matière imposable, et sur une véritable justice distributive au