Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/166

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux opérations commerciales, il est des inconvénients encore plus graves que ceux-là et qui semblent s’attacher inévitablement aux impôts indirects, alors surtout que l’ampleur de la somme à recueillir exige un chiffre d’impôt assez élevé. L’exécution des règlements conduit à des manœuvres vexatoires, à des mesures qui entravent l’échange et le rayonnement des richesses du pays. Les contrebandiers rôdent le long des côtes. Ce n’est qu’en tenant sur pied une armée permanente et fort coûteuse, de vingt mille douaniers et d’autant de préposés que la société parvient à faire respecter ses tarifs, quand il n’y a pas d’ailleurs des luttes à soutenir et du sang à verser. D’un côté, les prisons se remplissent, l’humanité est outragée par la fraude et la violation « de la loi, la délation, la saisie ; de l’autre des commerçants scrupuleux sont victimes des profits illicites que leurs étranges concurrents ne manquent pas de réaliser en dépit de tous les efforts employés pour les réprimer ».

On le voit ; ce n’est ni un essai dangereux d’impôts inconnus, ni une révolution radicale et subite que nous proposons pour l’amélioration du sort du plus grand nombre. Les États de l’Europe les plus connus pour leur esprit conservateur ont mis en pratique cette réforme du système fiscal ; il n’en est résulté nulle part aucun inconvénient pour le droit de propriété individuelle, qui a reçu, au contraire, du fait de ces réformes, un appui moral et matériel qui lui manque en France.


Salins, Juillet 1904