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sont cités inspireront-ils à quelques uns de nos législateurs le courage de proposer sérieusement une réforme fiscale, tant de fois réclamée et promise ?

La séance du 14 juillet 1904 ne le fait guère espérer. La veille du 114e anniversaire de la Fête Nationale, nos législateurs ont encore ajourné, peut-être pour la dixième fois, la plus démocratique de toutes les lois. Cela ne rappelle-t-il pas ce qui se passait en 1776 au Parlement de Paris ? Un avocat, Pierre-François Boncerf, mon grand-oncle, premier commis au ministère Turgot, venait de faire paraître un petit livre qui eut, à cet époque, un grand retentissement intitulé : Inconvénients des droits féodaux.

Grand émoi dans la classe privilégiée de l’époque. Le procureur général au Parlement prononce un réquisitoire énergique, et le livre, quelques jours après, est brûlé par la main du bourreau sur le grand escalier de la Cour de justice.

Aujourd’hui on fait moins d’honneur à la réforme des inconvénients des droits de notre féodalité financière. Chaque fois que ces projets reparaissent à la Chambre, on les renvoie simplement au lendemain, jusqu’à ce qu’un jour vienne ou demain sera peut être trop tard.

Mais je n’aurai perdu ni mon temps ni ma peine, si mes efforts ont pu décider quelques amis des travail leurs à prendre vigoureusement en main leur cause et, à forée de patience, d’insistance et d’énergie, à imposer à nos millionnaires l’obligation de fournir au budget, chacun quelques mille francs de plus ; ce qui aura pour corrollaire d’augmenter, ne serait-ce que de