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inventé et pratiqué qu’il était, précisément pour exempter de tout impôt le vrai revenu, celui qui existait réel et palpable, entre les mains des possesseurs de la richesse, à cette époque : les seigneurs, le haut clergé, les grandes abbayes, tous possesseurs d’immenses domaines, de droits féodaux importants, de rentes souvent considérables, d’une foule de privilèges mobiliers et immobiliers.

La primitive taille aux quatre cas devait son origine à la conquête même du sol gallo-romain. C’était l’application pure et simple du droit du plus fort vis-à-vis du plus faible ; l’idée d’une juste répartition n’y était pour rien. Henriquez, avocat au Parlement, écrivait encore en 1786 : « Quant à la quotité de ce droit, lorsqu’elle n’est pas fixée par les titres, la jurisprudence, généralement reçue, est de doubler les cens ».

Cela ressemble assez à ce qui se passerait aujourd’hui si un propriétaire bourgeois, (c’est un peu l’héritier du seigneur féodal) venait dire à son fermier (successeur du tenancier main mortable) : « Je vais faire un voyage à Jérusalem », ou bien : « Je me suis laissé faire prisonnier à la guerre », ou bien encore : « Je vais marier ma fille aînée. — Comme nous n’avons rien d’écrit à ce sujet, vous aurez l’obligeance, au lieu de 5.000 francs de fermages, de m’en payer 10.000 cette année ». Et comme le Roi, c’est-à-dire l’État alors, était encore plus besogneux et dépensier que le seigneur, c’était, à la fin de la monarchie, à peu près sur la totalité du territoire, qu’à propos d’aides et de tailles, les fermiers généraux ou leurs suppôts levaient dans les campagnes, et même dans les villes, une foule de tributs qui n’avaient rien