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Il est donc parfaitement équitable de faire supporter par nos rentiers de l’État les impôts sur la richesse dans la même proportion que celle appliquée à toutes les autres valeurs. C’est par suite d’un faux raisonnement, c’est en partant d’une erreur que l’on a prétendu que les rentes sur l’État ne doivent pas être imposées. Il y a des années que toutes les autres nations européennes ont renoncé à cette conséquence d’une idée fausse. Il n’y a pas plus de raison d’exempter de l’impôt les rentes sur l’État que toutes les autres valeurs : créances hypothécaires, chirographaires, obligations, actions quelconques, parts d’intérêts, dividendes, etc. La justice et la logique sont d’accord sur ce point. Chose curieuse, c’est à dater de l’impôt sur la rente anglaise que le taux de capitalisation de cette valeur s’est élevé à un chiffre supérieur à celui des rentes de tous les autres États du monde.

À supposer même qu’en France, par le fait de l’impôt, la rente diminue momentanément d’une ou deux unités est-ce que cela diminuerait le crédit de l’État ? Cela ne ferait que rétablir l’équilibre entre cette valeur et toutes les autres.

Et encore cette diminution ne se produirait pas si on se décidait une bonne fois à ne plus imposer le capital et le revenu de telle ou telle valeur, mais, ce qui est infiniment plus simple, le capital et le revenu de chaque contribuable, d’après le système de l’impôt global ; en un mot, si on substituait à l’impôt sur la chose, qui est en quelques sorte, l’enfance de l’art fiscal, l’impôt personnel sur l’individu, en raison de ce qu’il possède, ce qui donnerait la mesure de la progression à appliquer.

L’impôt progressif a été adopté par tous les peuples