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parviendra-t-elle à l’émancipation légale ? Je n’en sais rien….

« La société moderne a mis dix siècles à se composer, maintenant elle se décompose. Les générations du moyen-âge étaient vigoureuses, parce qu’elles étaient dans la progression ascendante ; nous, nous sommes débiles parce que nous sommes dans la progression descendante… que d’espérances n’ont pas été déçues en talents et en caractères ? Si vous en exceptez une trentaine d’hommes d’un mérite réel, quel troupeau de générations libertines, avortées, sans convictions, sans foi politique ou religieuse, se précipitant sur l’argent et les places comme les pauvres sur une distribution gratuite. »

(Tome 6 page 453, édition Biré.)


C’est par ce phénomène de la formation des fortunes énormes, en regard des grandes misères, que les nations se sont perdues. Quel inconvénient voit-on à mettre un frein à cette choquante inégalité par une législation civile et fiscale mieux appropriée à notre état économique actuel ? Cela retarderait tout au moins le dénouement fatal. L’impôt progressif, on l’a déjà vu, n’est pas, du reste, un obstacle à la formation de grandes fortunes, mais il sert de frein modéré à l’appauvrissement de la masse. Il a déjà été proposé par Montesquieu, puis par Necker et J. B. Say. Il a été pratiqué par l’ancien clergé pour certaines redevances. Il est l’avenir, tandis que la proportionnalité est le passé. À chaque période historique, à chaque état social, leurs lois nécessaires.