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Dans les autres villes de France et dans les villages on en compte plus d’un million.

Ajoutons à ces chiffres au moins deux millions d’ouvriers dans les mines, les ateliers, les diverses industries, gagnant moins de 100 fr. par mois. Leur petit budget, épuisé par un loyer relativement élevé, une femme et des enfants à nourrir, vêtir et instruire, ne leur permet pas non plus la possibilité de réaliser la moindre économie.

Et cependant, ce sont ces millions de travailleurs qui soutiennent, en définitive, un état social se résumant par la distribution de la richesse entre les mains de 3 ou 400.000 privilégiés. Ce sont ces millions de petites sources qui alimentent ce grand fleuve qui enrichit un si petit nombre d’heureux possesseurs. C’est avec 200 fr. de revenu par tête que 15 ou 20.000.000 de travailleurs préparent des rentes qui atteignent parfois des chiffres fabuleux au profit de quelques-uns.

Je n’insiste pas sur ces faits dont le spectacle travaille la génération présente, et pourrait à la fin soulever des passions violentes. Aucun lecteur ayant le sentiment de la justice et de la vraie fraternité, ne m’en voudra d’avoir mis ce tableau sous ses yeux, et proposé un moyen très praticable, à mon avis, de corriger ou d’atténuer ces injustices sociales. La plupart des hommes n’y ont jamais pensé ; ils ne se doutent même pas que les rentes et les revenus dont ils vivent, n’ont pas d’autre origine qu’un prélèvement sur le travail de tous.