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travaillera pour lui et pour les siens, avec plus de courage et plus d’ardeur que pour ses semblables qu’il ne connaît pas, ce n’est ni dans les théories nuageuses du socialisme, ni dans la servitude du collectivisme que la société trouvera le remède à ses défauts. Le socialisme et le collectivisme n’ont eu d’application, du reste partielle, que dans la vie ascétique et religieuse. Ce ne sont pas des vertus laïques qui ont inspiré ces essais. Il faut pratiquer des réformes qui s’appliquent à une humanité qui existe et écarter celles qui ne se comprendraient que dans une humanité qui n’existe pas. Je n’attaque pas ici les hommes qui propagent ces théories ; ils les croient excellentes, sans doute ; je pense qu’elles sont impraticables et qu’ils se trompent. Ces erreurs là sont les plus dangereuses, parce que la bonne foi est une force qui peut aussi essayer de transporter des montagnes. Transformer l’humanité est une tâche tout aussi impossible.

Rien de plus dangereux que la corruption d’un bon principe. L’excellence du point de départ empêche d’apercevoir les vices ou les excès de l’application. Ainsi en arrive-t-il pour la propriété individuelle ; ainsi en arrive-t-il pour le pouvoir social et politique. Ces deux éléments sont les fondements solides, indispensables des sociétés humaines. Or, leur abus entraîne les conséquences les plus désastreuses. Ils sont la sauvegarde de l’indépendance de l’homme ; leur abus en est la destruction. Que le pouvoir politique repose sur une seule tête ou sur quelques-unes seulement, et la société tombe sous le despotisme le plus absolu. Mettez la richesse entre les mains d’un petit