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sapin s’était arrêté sur le bord de l’abîme, sachant qu’il ne verrait jamais de combat plus terrible que celui dont il allait être témoin.

Le Danois s’avance rapidement, plié sous l’horrible fardeau ; le Saxon, son glaive nu à la main, se tient prêt à s’élancer sur le pont que son ennemi lui prépare. Tout à coup le Danois s’arrête, et le sapin tombe en retentissant sur les deux bords.

Ils se sont rencontrés au milieu du pont fragile ; ils se sont saisis ; ils se tiennent, ils se pressent, pied contre pied, poitrine contre poitrine ; tous les deux ils veulent s’enlever et se précipiter dans le gouffre ; tous les deux, ils sont immobiles : on dirait qu’ils ne combattent que des yeux.

Tout à coup un cri se fait entendre, un cri terrible. Le Saxon a enlevé son ennemi et le tient entre ses bras au-dessus de sa tête ; il le balance en rugissant de triomphe ; il va le lancer dans le précipice.

Alors on vit les bergers, qui s’étaient enfuis par crainte de la bataille, s’avancer sur le haut des rochers ; on entendit les loups hurler dans la solitude des forêts, et l’on aperçut distinctement dans les airs les fantômes emportés par les vents qui se penchaient sur le bord des nuages.

Mais le Danois, d’une main, a saisi son vainqueur par sa rouge chevelure ; de l’autre il le frappe au visage de son poignard. Les cris de joie se changent en