derot et allait devenir un des plus ardents adversaires de « la clique holbachique. »
Enfin, Voltaire pressait Diderot d’abandonner l’Encyclopédie et peu s’en fallait qu’il ne lui fît honte de n’avoir pas suivi l’exemple de son prudent associé, d’Alembert. Ne pouvait-il, du moins, travailler à l’étranger, « loin des fanatiques et des fripons ? »
Diderot fut inébranlable : « Où j’étais ces jours derniers qu’il faisait si beau ? J’étais enfermé dans un appartement très obscur à m’user les yeux, à collationner des planches avec explications[1] ». Il préparait, comptant sur la protection de Malesherbes et de Sartine, les derniers volumes qu’il voulait faire paraître tous à la fois pour éviter de nouveaux retards. Et puis, il était impatient, on le croira sans peine, de « sortir de cette galère » et de voir la fin d’une œuvre à laquelle il avait consacré plus de vingt ans. Sans doute, à partir de 1758, resté seul à la tête de l’entreprise et comprenant bien « qu’il fallait marcher vite pour être plus longtemps utile et nouveau », il avait multiplié le nombre de ses collègues et il était devenu « plutôt éditeur qu’auteur. » Il n’en resta pas moins jusqu’au bout le chef véritable, Voltaire disait « l’Atlas » de l’Encyclopédie. C’est
- ↑ « Le gouvernement, dit Grimm, sachant qu’il s’agissait d’une circulation de trois millions au moins (Voltaire dit : plus de sept millions dans l’introduction de son Dictionnaire philosophique), ne se souciait pas que l’ouvrage fût achevé hors du royaume, et que les profits en restassent aux étrangers. Ainsi on voulait et on ne voulait pas à la fois, ou plutôt on ne savait pas ce qu’on voulait. Pour comble d’inconséquence, on laissa subsister le privilège des volumes de planches, lesquelles n’étaient cependant pas gravées ou ne devaient l’être que pour expliquer un texte qu’on défendait d’imprimer. » M. Maurice Tourneux, dans un article du Temps du 17 août 1895 (Diderot et Catherine II), montre bien quels furent, à partir de 1758, le labeur et l’embarras de Diderot : d’une part, il lui fallait décider les libraires à reprendre une tache officiellement proscrite ; de l’autre, il devait suppléer à ce que tous ses collaborateurs lui avaient promis et n’osaient pas lui fournir. Il avait notamment à terminer cette description des arts et métiers, qui avait été l’une des causes les plus effectives du grand succès de l’Encyclopédie, mais aussi l’objet de toutes sortes de tracas avec les commissaires et les suppôts de l’Académie des sciences. »