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CHAPITRE II

LA CONSTRUCTION DE L’ENCYCLOPÉDIE


sommaire


1. Le chef de l’entreprise : Diderot. — 2. Les « manœuvres ». — Les demi-encyclopédistes ; Montesquieu, Buffon, Duclos, Turgot. — 3. Les principaux ouvriers : De Jaucourt, Marmontel, Voltaire, d’Alembert. — 4. Le « Discours préliminaire ».


I

Les trois plus grands monuments littéraires du dix-huitième siècle parurent presque en même temps : Montesquieu venait de donner son Esprit des Lois (1748) et Buffon les trois premiers volumes de son Histoire naturelle (1749). Deux ans après, naissait l’Encyclopédie : elle allait résumer les études du temps sur la nature et la société, c’est-à-dire à la fois l’esprit scientifique de Buffon et l’esprit politique de Montesquieu. Allait-elle de même s’inspirer de l’esprit révolutionnaire de l’époque pour le communiquer à ses lecteurs ? C’est ce que nous rechercherons en détail quand nous apprécierons son contenu. Remarquons, en attendant, que le moment était admirablement choisi si l’on voulait saper un édifice déjà ébranlé par les mains même qui auraient dû le défendre ; les Parlements, par leur opposition entêtée et chicanière aux édits royaux, avaient singulièrement affaibli, sinon le pouvoir, tout au moins le prestige de la royauté, tandis que les vaines disputes des Jansénis-