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Et, de nos jours même, nos Universités renaissantes ne sont-elles pas, par la pénétration de tous leurs enseignements, comme autant de vivantes Encyclopédies ? les développements sur un sujet si connu seraient ici superflus et il nous suffira de citer l’auteur le plus autorisé en cette matière : « La conception de l’Enseignement supérieur, introduite par la Révolution dans notre pays, le fut sous l’inspiration de la philosophie du dix-huitième siècle. L’Enseignement supérieur, c’est, avec l’esprit scientifique et pour la vérité rationnelle, ce que les Universités avaient été au moyen âge avec l’esprit théologique et pour la foi. Sur ce principe, la Constituante, la Législative, la Convention, les Cinq-Cents ont un même sentiment. Tout ce qui, depuis lors, s’est fait en France, sous tous les régimes, pour le développement de l’Enseignement supérieur, dérive et relève de la Révolution[1]. »

Tels ont été les résultats pratiques de cette vaste synthèse des sciences tentée par l’Encyclopédie : celle-ci prétendait offrir à ses lecteurs l’abrégé du monde connu ; or, les Universités ne sont-elles pas ce que Daunou avait dit de l’Institut ; « Il sera l’abrégé du monde savant. » Mais, qu’on nous permette de le rappeler : pour composer ce grand Dictionnaire systématique et raisonné, pour démontrer, comme le firent ses auteurs, cette mutuelle dépendance des sciences entre elles, il ne fallait pas seulement être, comme Diderot, d’Alembert et Voltaire, des Encyclopédistes, ce qui veut dire ici : avoir des connaissances très variées et presque universelles ; il fallait comprendre encore, comme l’avait dit magnifiquement d’Alembert en tête de l’Encyclopédie, que « l’univers, pour qui saurait l’embrasser d’un seul point de vue, ne serait qu’un fait unique et qu’une grande vérité ». C’est donc trop peu de dire qu’au dix-huitième siècle toutes les sciences sont sœurs ; pour ces esprits philosophiques il n’y a au fond qu’une seule science, et c’est, encore une fois, la science de la nature.

  1. L. Liard : L’Enseignement supérieur en France, 1789-1889, I, 310.