Page:Ducros - Les Encyclopédistes.djvu/318

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE VI

LES CONQUÊTES DE L’ENCYCLOPÉDIE RATTACHÉES À SES TROIS GRANDS PRINCIPES


Mme du Deffand écrivait un jour à Voltaire : « Vous détruisez toutes les erreurs ; mais que mettez-vous à la place ? » C’est cette dernière question que nous allons essayer de résoudre dans les pages qui suivent. Les philosophes ne voulaient pas uniquement, comme on l’a trop dit, déraciner les antiques préjugés ; ils prétendaient encore semer, à la place de ceux-ci, des vérités, qu’ils croyaient neuves et fécondes. Toutes ces vérités, après en avoir parlé çà et là au cours de cet ouvrage, nous voudrions maintenant les rassembler en un court résumé, les apprécier librement dans la mesure de nos forces, et montrer enfin la grande place qu’elles tiennent, croyons-nous, dans ce qu’on est convenu d’appeler la pensée moderne.

Avant même de rechercher ce qu’ils ont voulu fonder, ne peut-on pas dire que déjà, en tant que démolisseurs, les philosophes ont fait œuvre utile, si l’on admet que quelques-unes tout au moins des institutions qu’ils ont combattues étaient vraiment des obstacles au progrès matériel et moral de l’humanité ? Par exemple, n’est-il pas vrai que, s’ils ont contribué, et la chose est incontestable, à ruiner les privilèges, ils ont, par cela seul, collaboré à l’établissement d’un état social meilleur, basé sur l’égalité de tous. Mais l’égalité, reconnaissons-le, ne suffit pas pour faire une société ; un troupeau est, lui aussi, composé d’unités égales