miracles, ils se contentaient de rejeter dédaigneusement ceux-ci comme de sottes mystifications. Sans nul doute aussi, leurs faciles plaisanteries sur ces mêmes miracles n’étaient pas toutes, il s’en faut, du meilleur goût ; et pourtant le rire de Voltaire ne fut-il pas le plus souvent la réponse que méritaient des apologies telles que celles-ci, et nous en pourrions citer une foule d’autres tout aussi ingénues : « Saint Paulin vit de ses yeux un possédé marcher la tête en bas contre la voûte d’une église, sans que ses habits fussent dérangés ; il fut délivré par les reliques de Saint-Félis la Nole. » Et c’est un oracle de l’Église qui parle ainsi, c’est un professeur de théologie, le savant Bergier, et voilà sur quoi il fonde, c’est le titre de son ouvrage : « la Certitude des preuves du Christianisme ».
Ailleurs, c’est l’ânesse de Balaam elle-même, dont il garantit hautement, en plein dix-huitième siècle, la merveilleuse éloquence ; « Est-il donc si difficile à Dieu de faire parler un âne[1] ? » Et voici les pourceaux démoniaques dont il maintient et commente, avec une fâcheuse insistance, le suicide tragi-comique : « Jésus-Christ, ayant chassé une troupe de démons du corps d’un possédé, ils lui demandèrent la permission de s’emparer d’un troupeau de deux mille pourceaux qui paissait dans la campagne. Jésus-Christ ayant consenti, le troupeau alla se jeter dans les eaux. Était-ce donc l’imagination qui agissait sur ces animaux, ou bien y avait-il de la fourberie de leur part[2] ? »
Encore une fois, de telles apologies du christianisme, et nous les prenons à dessein dans le plus illustre apologiste, méritaient-elles mieux que les pires plaisanteries de Voltaire ? Que n’ont-ils médité, tous ces défenseurs de la foi, plus intrépides qu’avisés, cette grave parole échappée à la franchise d’un Pascal ; « Les miracles ne servent pas à convertir ». — « Les miracles, s’écrie au contraire, avec une belle confiance, l’abbé Gauchat[3], sont la voie la plus courte