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CHAPITRE V

LE FOND DU DÉBAT


Tels furent les principaux défenseurs de l’Église : ils n’eurent pas tous en mains les mêmes armes, et ils ne se servirent pas tous de leurs armes avec la même habileté ou, ce qui serait peut-être mieux dit, avec la même maladresse. Mais, maintenant que nous avons fait connaître les hommes et leurs œuvres, essayons, ce qui importe encore plus que la valeur des combattants, de dégager et de juger les idées principales que les Anti-Encyclopédistes défendirent de leur mieux contre l’audacieuse impiété de leurs adversaires.

Nous avons montré, dès notre premier chapitre, que les conquêtes successives de la pensée philosophique se résumaient, au fond, en ces trois mots, qu’on pourrait inscrire au fronton de l’Encyclopédie : nature, raison et humanité. Si l’on y regarde de près, en effet, toutes les attaques des Encyclopédistes contre l’Église se ramenèrent à opposer l’une de ces trois choses, soit aux vérités, soit aux pratiques de la religion. Cherchons donc, puisque c’est bien là réellement le fond du débat, quelle fut, en substance, la réponse que fit l’Église aux objections fondamentales qu’avaient formulées tour à tour contre elle, par la bouche des philosophes, la nature, la raison et l’humanité.

C’est au nom de la nature, de ses lois immuables, de ses impérieuses et légitimes exigences, que les philosophes avaient combattu la foi aux miracles, les récits fabuleux de la Genèse, l’existence d’êtres surnaturels, tels que les