CHAPITRE IV
LA BATAILLE AUTOUR DE L’ENCYCLOPÉDIE
I. — la « séquelle encyclopédique » et son protecteur malesherbes
L’Encyclopédie a été composée, son titre l’indique, par une « Société de gens de lettres » ; mais que fut au juste cette société ? Pour certains auteurs, ce fut une véritable armée de conjurés, tous admirablement disciplinés et recevant le mot d’ordre de trois capitaines étroitement unis entre eux : Diderot, d’Alembert et Voltaire. Ils parlent entre eux, nous dit-on, « une langue de brigands » (c’est ainsi qu’on interprétait les noms de guerre qu’ils se donnaient dans leur correspondance) et ils se lièrent par un serment solennel entre les années 1748 et 1750[1]. C’est, disait, on l’a vu, Mme de Genlis, « dans des assemblées ténébreuses (chez le baron d’Holbach), qu’ils arrêtèrent le plan détaillé de la grande conspiration[2]. » Quelque peu de crédit que méritent en général les commérages de Mme de Genlis, elle