Chine, vertu des Indes, vérités du Mexique, vérités de la grande Tartarie[1] ! » Ou, plus souvent encore, la ressemblance même des mœurs étrangères avec les nôtres paraît être l’exagération et la caricature de nos propres défauts et surtout de nos superstitions. Voici par exemple, étalées avec complaisance, toutes les horreurs du fanatisme mahométan : mais ce n’est pas à Mahomet qu’en veut particulièrement l’auteur de l’article. Ici, comme à chaque page de l’Encyclopédie où il est question de superstitions étrangères, c’est la réflexion générale de Lucrèce qu’on veut provoquer chez le lecteur :
Bien entendu, on excepte expressément la vraie religion, mais c’est, chose plaisante ! en termes aussi fallacieux qu’indignés : « Si quelque lecteur avait l’injustice de confondre les abus de la vraie religion avec les principes monstrueux de la superstition, nous rejetons sur lui d’avance tout l’odieux de sa pernicieuse logique (art. Fanatisme). « Les Cacouacs, dit Moreau, ramassent les contes des Indiens, les fables anciennes et modernes, les absurdités du Mahométisme et ils placent gravement toutes ces folies à côté de la religion chrétienne sur laquelle ils cherchent à jeter le ridicule. C’est ainsi qu’en Égypte un fou s’avisa, dit-on, d’amasser, autour de la plus belle des pyramides, une prodigieuse quantité de fagots ; il y mit ensuite le feu : quand ils furent réduits en cendres, il se frottait les yeux et était tout surpris de voir encore la pyramide. »
Et voici une autre ruse philosophique : on affirme bien haut la certitude de telles vérités religieuses : puis, sous prétexte d’impartialité, on expose longuement et minutieusement les objections de toutes sortes qui ont été faites à ces vérités incontestables ; pour conclure, on réfute maladroitement ces objections ou, mieux encore, on oublie de les réfuter.
- ↑ Moreau : Les Cacouacs.