tote, c’est-à-dire de tout le moyen âge, dans les sciences d’observation. Au reste, s’il a donné les préceptes, c’est un vrai savant, c’est son contemporain Galilée, qui a donné les premiers exemples de l’induction vraiment scientifique en ajoutant à l’expérience ce qui la précise et la féconde à la fois : la mesure des quantités. C’est ce qu’a très bien vu Condorcet quand il loue Galilée « d’avoir fondé la première école scientifique où l’on ait rejeté tout autre moyen que l’expérience et le calcul. » Et ainsi ce grand livre de la nature, trop longtemps fermé, qu’avait rouvert Bacon, mais qu’il n’avait pas toujours compris (ses erreurs sont innombrables), Galilée le premier a su le lire, puisque le premier il a dit expressément et démontré que ce livre est écrit en caractères mathématiques[1].
C’est encore un Anglais, c’est Hobbes, qui apprendra aux philosophes comment on sape le droit divin des rois en donnant pour origine à la société et au pouvoir social un simple contrat et pour unique but à ce contrat la prospérité publique. Comment les Encyclopédistes ont interprété cette leçon de Hobbes et l’ont enseignée eux-mêmes à leurs contemporains, c’est ce que nous verrons en détail quand nous étudierons leurs doctrines politiques. Ce que nous voulons seulement caractériser ici, dans cette revue rapide des philosophes anglais et de leur influence sur les philosophes français, c’est la place qu’occupe Hobbes entre Bacon et l’Encyclopédie : Hobbes est un Bacon politique qui a lu Galilée. Il assigne, comme Bacon, un but pratique à la philosophie ; mais ce qu’il lui demande, ce n’est plus,
- ↑ « Pour dompter » la nature, comme le voulait Bacon, et pour la faire servir à nos fins, il faut apprendre d’abord à la mesurer ; mais, pour bien mesurer, il faut commencer par inventer des instruments de précision, tels que : le mètre, la balance ; sans ces derniers, d’Alembert et Newton sont incapables de rien découvrir. Le rôle immense de l’outillage scientifique dans la marche de la civilisation et dans le développement même de l’esprit humain n’a été bien exposé, à notre connaissance, que par M. Lacombe (De l’histoire considérée comme science). C’est un des mérites les plus incontestés de l’Encyclopédie d’avoir montré pour la première fois, dans les articles de Diderot, l’importance immense des inventions mécaniques.