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mêmes dans la manière dont ils devront transmettre toutes ces connaissances à leurs lecteurs. Mais l’histoire de nos connaissances se confond presque avec l’histoire des grands génies qui ont éclairé la route de l’humanité, puisque c’est à eux que la science doit ses plus belles conquêtes et l’Encyclopédie ses pages les plus intéressantes ; il était donc naturel que d’Alembert inscrivît, comme au fronton du grand Dictionnaire, les noms des plus éminents penseurs envers lesquels il acquittait, pour ainsi dire, la dette de la science et de l’humanité.

Remontant (comme nous l’avons fait nous-même quand nous avons recherché, quoique à un autre point de vue, les antécédents de l’Encyclopédie), à l’époque de la Renaissance, il montre comment l’esprit humain, après le long sommeil du moyen âge, s’est enrichi d’abord par l’érudition, a brillé ensuite dans les arts et les lettres et a mûri enfin dans l’étude de la philosophie. Que si nous ne retrouvons pas ici l’ordre dans lequel ont apparu, pour la première fois, les principales connaissances, — ici, en effet, les œuvres de l’imagination ont devancé, au lieu de suivre comme plus haut, les conquêtes de la raison ; c’est parce que, à la suite de cette longue ignorance du moyen âge, qu’avaient précédé des siècles de lumières, la régénération des idées, à l’époque de la Renaissance, a dû différer nécessairement de leur génération primitive. Voyez en effet : les œuvres des anciens viennent d’être retrouvées, l’imprimerie est inventée et aussitôt la lumière renaît de toutes parts. On se met à étudier, non pas, comme avaient fait les premiers hommes, la nature, mais les livres, ces livres anciens qu’il suffisait d’ouvrir, semblait-il, pour devenir savant ; et d’ailleurs, n’a-t-il pas toujours été « plus aisé de lire que de voir ? » On eut donc ces grands érudits de la Renaissance qui prirent de toutes mains, dans les œuvres de l’antiquité, ce qui était bon et ce qui était médiocre, mais qui, en nous donnant tout à la fois, nous permirent de séparer l’or des matières moins précieuses : ainsi l’érudition était nécessaire pour nous conduire aux belles-lettres.