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HISTOIRE DE RENNES.

soumet à payer mille sols de tribut annuel. Chilpéric veut de plus recouvrer la ville de Vannes ; Waroch lui promet tout, même son propre fils en otage. Chilpéric se retire, n’ayant plus rien à exiger. Aussitôt Warroch lui députe l’évêque de Vannes, Ennius, avec de nouvelles propositions. Chilpéric, irrité, chasse l’ambassadeur, malgré son saint caractère. Warroch recommence la guerre ; mêmes ravages impunis commis par lui sur le territoire de Rennes, et cette fois il n’a pas besoin d’une paix trompeuse pour éloigner l’ennemi.

Sept ans après seulement (586), Chilpéric mort, son fils Clotaire II, où plutôt son tuteur ou son oncle Gontran, roi d’Orléans, veut enfin soumettre les Bretons restés indomptables. Il leur envoie Beppolen, qui avait épousé la nièce de Saint Félix, évêque de Nantes. Ce chef des troupes frankes se présente devant Rennes, et se voit repoussé par les habitants. Il ne peut se faire admettre dans la ville dont il a reçu le gouvernement au nom du roi frank. L’année suivante il revient avec de nouvelles forces, et réussit cette fois ; mais à peine est-il parti, que les habitants se soulèvent et massacrent son fils, qu’il avait laissé pour commander à sa place[1].

Ainsi, se trouvèrent déjouées, au moins pour quelque temps, les intrigues que Frédégonde ourdissait contre Gontran jusque dans la Bretagne. L’esprit d’indépendance qui animait les Bretons, dans tous ces mouvements, et qu’on flattait pour en tirer, parti, ne se doutait guère qu’il servait d’instrument aux passions haineuses de la dynastie franke.

Sur ces entrefaites (590), Alain-le-Fainéant s’éveillant de sa honteuse apathie, se ligue avec Warroch, et tous les deux font de nouvelles incursions sur les territoires

  1. Grég. de Tours. Mémoire sur l’hist. de Bret. Annales de la société académ. de Nantes. 10e vol., p. 384.