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HISTOIRE DE RENNES

saraugusta (Sarragosee) et de Valentia chez les Edetani, dans l’Espagne Tarragonaise, avaient envoyé jusqu’en notre pays cette légion, ou plutôt ces soldats enrôlés sous l’aigle romaine, par un de ces changements de garnison que la politique de Rome faisait exécuter aux troupes à sa solde sur les points les plus éloignés de l’empire. Après dix-huit siècles y on a retrouvé dans le lit primitif de cette rivière Doënnuy qu’ils avaient sans doute rendue navigable, des monnaies qui attestent leur séjour sur ses rives, et le lieu d’où ils étaient partis. L’une est celle de ce municipium Augusta Bilbilis, dont le nom se lit empreint sur le revers, au-dessous d’un cavalier tenant une haste ; l’autre, celle de la colonie de Cæsaraugusta, qu’a fait revivre Sarragosse, et qui indique comme la première qu’elle appartient à l’époque d’Auguste ; une troisième porte la galère prétorienne et les initiales de Colonia Julia Valentia ; une quatrième enfin indique dans le nom de Copia, celui peut-être d’une autre colonie espagnole qui s’est perdu, ou du moins une variété de la monnaie de Valentia dont elle se rapproche d’ailleurs par quelque similitude. Il ne faut pas omettre de remarquer, comme une preuve de plus à l’appui de notre induction numismatique, que les colonies et municipes, dont on a retrouvé les monnaies dans le lit de la Vilaine, sont toutes de l’Espagne Tarragonaise, à l’exception de Nîmes toutefois, qui a fourni une grande partie de ces médailles coloniales. Ne peut-on pas néanmoins conclure, à cette exception près, que l’Espagne, sous le règne d’Auguste, a donné à notre ville la garnison romaine qui la peupla et lui apporta la monnaie des villes qu’elle venait de quitter [1] ?

Une autre induction que l’on peut tirer de l’immense quantité et de l’espèce de médailles romaines trouvées au

  1. Nous devons ces inductions numismatiques à l’obligeance érudite de M. le docteur J. Aussant.