Page:Ducrest, Maillet - Histoire de Rennes.djvu/46

Cette page n’a pas encore été corrigée
26
HISTOIRE DE RENNES

ce temps peut-être, civitas rubra, ville rouge, de la couleur des briques qui formaient ses murailles. D’autres villes gauloises prirent alors le même nom pour la même cause [1], et il est bien constaté que Rennes a été long-temps désignée ainsi ; Ptolémée seulement indique une autre origine à cette désignation y qui serait dérivée, selon lui, de l’ancien nom des Rennais, Arrubiens, d’où l’épithète rubra.

La république n’était plus ; l’empire avait commencé avec Octave, sous le nom d’Auguste. La cité des Rhedones, rangée avec l’Armorique dans le domaine impérial, dut s’épuiser pour assouvir la faim insatiable des délégués du prince auquel elle avait le ruineux honneur d’appartenir. Les établissements de municipes qui furent si communs sous Auguste dans l’occident ne laissèrent point de traces dans notre ville.

Cependant, par une compensation politique, et par suite de l’indifférence religieuse chez les Romains, à l’époque dont nous parlons, le culte des vaincus fut respecté, ou plutôt, au moyen de symboles plus ou moins vrais, ou affecta de ne voir que la même idée divine sous des noms différents. Le conquérant de la Gaule chevelue. César lui-même avait déjà écrit que les Gaulois ont sur les dieux à peu près la même opinion que les autres peuples [2]. Ce rapprodiement, qui devait un jour être funeste à Rome, continua de s’opérer, afin qu’un grand niveau régnât sur le monde romain dans le droit, la politique et la religion. Mercure fut confondu avec Teutâtes, Jupiter avec Hésus. Notre ville vit adorer dans le même temple les dieux de la conquête et ceux du pays. Ce fut une sorte de droit de cité accordé aux dieux vaincus comme aux peuples qui les adoraient.

Cette tolérance qui allait bientôt disparaître, cette ten-

  1. Renouard, Essais hist. sur le Maine, t. I, p. 48.
  2. Corn. bell. Gnll., 6, 17.