Page:Ducrest, Maillet - Histoire de Rennes.djvu/44

Cette page n’a pas encore été corrigée
24
HISTOIRE DE RENNES

bable que les indigènes, qui n’y habitaient guères avant ef conquérants y y soient restés de gré ou de force, quand elle fut occupée et bouleversée par leurs ennemis. Ils durent fuir dans leurs forêts près de leurs Druides, qui leur prêchaient la foi proscrite, et firent survivre leur culte à toutes les persécutions. Ce ne fut sans doute que peu à peu et progressivement, avec les bienfaits répandus par César sur la Gaule chevelue, qu’une partie des habitants consentit à revenir dans les villes embellies par les arts romains, et firent avec les vainqueurs des alliances de famille, qui protégèrent un jour ceux-ci, quand ils furent proscrits à leur tour.

Les habitudes de la civilisation romaine, au moins celle qui réguait dans les armées, se développèrent donc à peu près exclusivement dans la cité armoricaine des Rhedones. La population toute militaire qui l’occupa primitivement à cette époque de la conquête en fit une sorte de colonie, moins les privilèges, sous les ordres absolus d’un lieutenant de César. Quelques écrivains pensent que Crassus fut ce premier gouverneur ou légat du proconsul. Si l’on admet qu’il quitta, pour gouverner Condate, le commandement de la septième légion placée sous ses ordres à Angers, ou qu’il en transféra le cantonnement, ce que ne nous apprend pas le conquérant lui-même, il ne doit pas paraître plus difficile d’admettre qu’il importa chez les Rhedones quelques institutions, quelques règles d’administration, qui sont devenues la source de celles qu’amenèrent les âges suivants. Ainsi les lois municipales de notre ville, l’autorité suprême de ses gouverneurs, n’eurent peut-être pas d’autre origine que le pouvoir absolu délégué à Crassus ou à tout autre chef inférieur par César, et les concessions faites nécessairement aux habitants par ce lieutenant de la conquête et ses successeurs.

Le chef, quel que soit son nom, laissé à la tête de la station romaine fondée dans l’ancienne Condate, eut à