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HISTOIRE DE RENNES

Une autre preuve matérielle du même genre a été trouvée dans la démolition d’une partie des murs de l’enceinte de l’ancienne cité, qui succéda à la ville romaine, et dans laquelle on dût employer, par l’ordre même des empereurs [1], les matériaux profanes provenant des temples païens. Un bloc de pierre carré, sans autre sculpture qu’une croix, en forme de thau égyptien, et déposé aujourd’hui ans la cour du Musée provisoire des tableaux, appartient, il semble, à quelque temple romain renversé par le Christianisme, qui s’en sera servi pour édifier les fortifications du moyen-âge, d’où l’ont exhumé les travaux de la civilisation moderne. C’est un ara [2] ou petit autel domestique creusé, à sa partie supérieure, de deux cavités propres à recevoir les réchauds sur lesquels on brûlait les entrailles des victimes. Les lignes gravées en croix sur l’une des faces de la pierre désignaient le côté qui devait être tourné au levant. On voit sur quelques médailles romaines, entre autres de Maximin, prédécesseur de Gordien III, de petits autels de la même espèce, où sacrifie le génie du peuple romain.

Tels sont les vestiges découverts jusqu’ici des monuments du culte romain implantés sur le sol de notre ville par la conquête. Le temps et des fouilles intelligentes pourront en produire d’autres peut-être au grand jour archéologique ; mais ceux qui existent suffisent déjà pour établir d’une manière certaine, quoique moins complète, la preuve du séjour des Romains dans notre cité, et de l’importance qu ils y attachèrent, comme l’un des points principaux de l’occupation militaire sous laquelle ils courbèrent le pays pendant près de quatre siècles.

Comment gouvernèrent-ils cette ville gauloise de Condate, qu’ils avaient étendue et rebâtie ? Il n’est pas pro-

  1. Édit de Théodose.
  2. Manusc. de M. de Penhouët.