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HISTOIRE DE RENNES.

consacré avec ses bois à ce double but de piété et de politique. Le premier monument religieux fut construit près de la ville y dans un lieu que l’on nomme encore la Cité, et dédié à Thétis ou Minerve ; le second, plus éloigné de l’enceinte y fut consacré à la déesse Isis et fondé dans le lieu où s’éleva depuis l’abbaye Saint-Georges ; enfin un troisième, construit dans l’intervalle entre les deux premiers, se nommait la Vision des Dieux. C’était une tour qui rappelait aux Romains le Panthéon de la ville conquérante, et s’élevait dans l’endroit où furent depuis la chapelle Saint-James et l’horloge publique.

Ces trois temples, dédiés aux dieux de la conquête, ne furent vraisemblablement pas les seuls, bien que les autres n’aient pas laissé de traces chez les chroniqueurs qui ont recueilli ce que la tradition racontait des premiers. On peut ajouter aux preuves testimoniales, qui résultent de leur récit une preuve matérielle de l’existence de l’un de ces temples. Il existe dans le faubourg de Paris un bloc de granit qui a servi long-temps de piédestal à une croix rouge plantée, suivant l’usage, sur ce débris du culte idolâtrique, conservant encore les symboles sculptés de la déesse Isis.

Junon Monète avait aussi près de la nouvelle ville son temple destiné à conserver l’or et l’argent monnayés, si l’on en croit l’inscription trouvée en 1741, selon Ogée, sous une lame de bronze, près de la place de la Vieille-Monnaie, dans le terrain dépendant de la porte Mordelaise. D’après ce document, les prêtres de la déesse, dans un temps de guerre, enfouirent leurs vases sacrés non loin des prés que baigne la rivière, qui portait alors le nom de Vivonia. Us exprimaient l’espoir de voir un jour, sous un prince équitable et lorsque le calme serait revenu au pays d’Armorique, retrouver les trésors enfouis et relever le temple de Junon Monète ; car l’or, disaient-ils, brille surtout par l’usage vertueux qu’on, en fait. Il est à