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HISTOIRE DE RENNES.

on remarquait les Rhedones, qui ont laissé leur nom latinisé et abrégé à notre ville.

Le sol où s’établirent les Armoriques de la péninsule, et en particulier les Rhedones, était-il habité avant eux par des peuples autochthones ? C’est ce que l’histoire ne dit nulle part dans les quinze à seize siècles où remontent ses documents avant l’ère chrétienne. Il peut être permis de croire que le pays envahi n’était pas totalement désert à cette date la plus reculée des annales écrites de l’espèce humaine en Occident ; mais cela importe peu, il nous semble, au commencement réel de l’histoire d’une ville. Dans tous les cas, on doit penser que les conquérants s’assimilèrent bien complètement le peuple indigène, puisqu’il n’en est pas resté de trace historique.

Une question plus importante et non moins insoluble, dans l’absence de toute autre preuve qu’une simple induction, est celle de savoir si les Rhedones élevèrent une ville à la place où depuis est restée celle de Rennes, ou sur tout autre point de leur territoire. L’importance de cette peuplade, prouvée par ses médailles et le récit de César, le nom celtique même de Condate, latinisé et appliqué à leur cité par le géographe Ptolémée, l’itinéraire d’Antonin et la table Théodosienne, enfin la description que nous a transmise le conquérant romain des fortifications des villes gauloises, toutes ces raisons nous autorisent à croire que les Rhedones avaient quelque part dans leur territoire, une forteresse, ou oppidum, selon la langue romaine, à l’exemple de tous les peuples de la Gaule et de leurs voisins de la même origine et de la même confédération, les Vénètes. Quand ils passèrent de l’état de bande nomade ou de peuple pasteur à celui de tribu, ou de peuple fixé au sol et propriétaire, ils durent sentir le besoin de se mettre à l’abri des attaques de leurs ennemis, et de se créer des appuis non seulement dans leurs confédérations, mais dans la construction de ces