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SUR UNE TOMBE SANS NOM


Passant, incline-toi et pose sur ces pierres
la branche d’aubépine que tu pris à la haie.
Tu ne sais qui je fus, et mes cendres légères
se sont depuis longtemps répandues dans la terre.

Ne me plains pas ; j’ai seulement le nom d’un mort ;
je vis mieux qu’autrefois, mêlé à mille vies,
car mon âme est éparse dans l’air que tu respires,
et le sol que tu foules se souvient de mon corps.

Toi-même, n’es-tu pas fait d’un peu de moi-même,
et n’habité-je aussi dans celle que tu aimes ?

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