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faisoit des raisonnemens à perte de vûe. Acajou ne déparloit pas, il dit en un moment mille extravagances qui ravirent d’admiration toute la Cour, & rendirent toutes les femmes folles de lui. Elles l’écoutoient avidement, & s’écrioient : Ah ! qu’il a d’esprit. On lui donnoit enfin tant d’éloges, qu’il étoit obligé d’en rougir, même par fatuité. Il sembloit que le plus grand bonheur qui pût arriver à un Prince fût de perdre la raison, tous ceux qui le rencontroient lui en faisoient compliment, & les autres se firent écrire.

Acajou n’ayant plus d’amour, devint l’amant déclaré de toutes les femmes, la fureur des bonnes fortunes s’unit facilement à la folie. Il commença par une femme assez jolie, d’un esprit libre, dégagée de préjugés, & qui faisoit la réputation de tous