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je vais les chercher de ce pas. Allez, dit la Princesse, & délivrez-moi du cruel enchantement où je languis. Vous avez pû remarquer que toutes les Têtes perdues qui sont dans ce séjour ne cherchent qu’à se montrer, sans rougir de leur état, il n’y a que moi qui suis obligée de me cacher dans des fruits, comme je suis la seule Tête perdue par l’amour, je suis un objet de mépris pour les autres. La Tête continuoit de parler, que le Prince étoit déjà parti. Il avoit reconnu que la princesse, depuis qu’elle n’étoit plus qu’une Tête, aimoit un peu à parler. Il n’eut pas fait cent pas dans le parc, qu’il rencontra les mains enchantées qui voltigeoient en l’air. Il voulut s’en approcher pour les prendre ; mais aussi-tôt qu’il vouloit les toucher, il en recevoit des croquignoles, qui lui parurent d’abord fort insolentes ; cependant son bonheur dépendoit de les saisir, & les