Page:Duclos - Acajou et Zirphile, 1744.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sement, qu’il eut envie de manger une poire ; il la cueillit : mais à peine y avoit-il mis le couteau qu’il en sortit une Tête, qu’il reconnut pour celle de sa chere Zirphile. Rien ne peut exprimer l’étonnement & le plaisir du Prince. Il se levoit avec empressement pour embrasser une Tête si chere, lorsqu’elle se retira à quelques pas, & se plaça sur un buisson de Roses pour se faire une espece de corps : Arrêtez, Prince, lui dit-elle, restez tranquille, & m’écoutez : Tous les efforts que vous feriez pour me saisir, seroient inutiles : Je me jetterois moi-même dans vos bras, si le Destin le permettoit ; mais comme je suis enchantée, je ne puis être prise que par des mains qui le soient aussi. Hélas ! je soupire après mon corps, & j’ignore s’il est encore digne de moi : il est resté entre les mains du Génie, je n’ose y penser sans frémir, la tête m’en tourne.