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APPENDICE II

la devise qui fait la fierté des Oblats : Evangelizare pauperibus misit me : Il m’a envoyé évangéliser les pauvres. Pour costume apostolique, et plus tard religieux, il fut décidé que les missionnaires porteraient la simple soutane noire et la croix.

Au premier but, qui était l’évangélisation des pauvres par les missions, les retraites, les catéchismes, s’ajouta bientôt celui de la formation de la jeunesse, dans les grands séminaires et dans les collèges ecclésiastiques.

Se retirant dans une retraite profonde, le Père de Mazenod élabora les règles et les constitutions des Missionnaires de Provence, nommés aussi Oblats de Saint-Charles. Aux vœux ordinaires de pauvreté, de chasteté et d’obéissance que prononcent les religieux, il adjoignit celui de la persévérance dans le saint Institut. Ces constitutions furent telles qu’elles suffirent à retenir unis et fidèles tous les membres de la Congrégation, à travers toutes les tempêtes qui devaient les disperser.

À la fin de 1825, le Père de Mazenod, muni de son livre de Règles, et encouragé par les évêques dont les Oblats avaient évangélisé les diocèses depuis dix ans, se rendit à Rome, afin de solliciter du Souverain Pontife l’institution canonique de sa jeune Société.

Tout ce que pouvait espérer le fondateur — on le lui avait dit de toutes parts — c’était une louange, les Congrégations Romaines s’étant fait une loi de traiter ainsi les communautés nouvelles, et de ne remettre qu’à beaucoup plus tard l’approbation formelle. Déjà, en effet, les cardinaux s’étaient prononcés pour la simple louange, lorsque le Père de Mazenod, au sortir d’une longue et ardente prière aux pieds de la Sainte Vierge, se présenta à Léon XII. Comme mu par une inspiration spéciale, le Pape s’écria : « Cette congrégation me plaît : elle ne doit pas être louée, mais approuvée ». Et il demanda aussitôt aux cardinaux de reprendre l’examen des constitutions et de conclure dans le sens qu’il désirait. Léon XII fit bien plus : il donna à la Congrégation le nom de Missionnaires Oblats de Marie Immaculée (Missionarii Oblati beatissimæ Virginis Mariæ sine labe conceptæ).

Le Père de Mazenod ne contient plus sa joie ; et ses lettres la redisent à ses missionnaires de France :

« Oblats de Marie Immaculée ! Mais n’est-ce pas le brevet de notre prédestination à tous ! »

L’entretien du fondateur avec Léon XII eut lieu le 17 février 1826. Le 17 février est resté, depuis, la grande fête annuelle des Oblats. Ils ont le privilège de célébrer, ce jour-là, la messe solennelle de l’Immaculée-Conception, et de renouveler leurs vœux de religion.


Les fruits de la haute bénédiction du Pape tombèrent, sans tarder, sur la petite Congrégation.

En 1830, elle porte son noviciat en Suisse et évangélise les diocèses de Lausanne et Genève.

En 1840, c’est l’Angleterre, l’Écosse et l’Irlande qui appellent les Oblats et les reçoivent.

En 1841, s’ouvre le Nouveau-Monde. Mgr  Bourget, évêque de Montréal, au Canada, vient demander des missionnaires au fondateur, qui depuis quatre ans avait succédé, à son oncle Mgr  Fortuné de Mazenod, sur le siège de Marseille. Mgr  de Mazenod hésite à imposer par l’autorité le sacrifice de l’exil à ses enfants. Il leur envoie une circu-