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AUX GLACES POLAIRES


APPENDICE II

La Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée et ses œuvres.


Du jour où le Père de Mazenod fonda, à Aix-en-Provence, la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, au jour où le Père Grollier arbora la Croix sur la plage de l’océan Glacial, il s’écoula quarante-trois ans.

En moins d’un demi-siècle, la petite Société, destinée d’abord à n’évangéliser que la Provence, avait porté le nom de Jésus-Christ jusqu’aux extrémités de la terre.

Charles-Joseph-Eugène de Mazenod naquit à Aix, le 1er août 1782, d’une famille de haute noblesse, qui donna à la France des évêques, des amiraux, des magistrats. Chassé, avec ses parents, du domaine ancestral, par les hordes révolutionnaires, Eugène passa son enfance dans les amertumes de l’exil, de Turin à Naples, de Naples à Venise, de Venise à Palerme. Lorsque sa vocation sacerdotale se fut manifestée, il répondit à l’un de ses oncles qui lui représentait qu’en la suivant il condamnerait à s’éteindre le nom de sa famille : « Rien ne ferait plus d’honneur à notre famille que de finir par un prêtre. » La famille de Mazenod finit par deux évêques.

Le 21 décembre 1811, Eugène, ayant achevé ses brillantes études au grand séminaire de Saint-Sulpice, sous la direction de M. Émery, fut ordonné prêtre par Mgr  Demandolx, évêque d’Amiens. Le jeune abbé, qui servit la première messe du Père de Mazenod, et qui allait devenir l’illustre cardinal Giraud, archevêque de Cambrai, se rappela toute sa vie l’impression d’extatique piété, dont il fut le témoin.

Déclinant l’offre que lui fit immédiatement Mgr  Demandolx de le nommer son vicaire général, le nouveau prêtre rentra à Aix, afin de s’y « consacrer tout entier au service de la jeunesse et des pauvres. » Les populations ouvrières l’entendirent prêcher chaque dimanche en leur langue provençale ; les malades, les prisonniers, les pauvres honteux reçurent ses visites assidues et ses aumônes. Une épidémie de typhus, où il multiplia son zèle, le conduisit au bord de la tombe. Il était humainement perdu, lorsque les prières universelles de la ville d’Aix lui rendirent miraculeusement la santé.

Par reconnaissance pour une telle faveur, le Père de Mazenod résolut de se consacrer plus entièrement encore au service des pauvres, en y invitant des compagnons embrasés de la même ardeur que lui-même pour les âmes abandonnées. Son âme s’attristait à la vue des maux causés par la Révolution dans le clergé, les ordres religieux et les populations rurales. « Il lui semblait, disait-il, que s’il pouvait réunir en communauté quelques prêtres vraiment zélés, d’un désintéressement à toute épreuve, solidement vertueux, des hommes apostoliques, en un mot, qui, ayant à cœur leur propre sanctification, se donnassent tout entiers à la conversion des âmes, il remédierait, autant que possible, aux maux de l’Église et procurerait un grand bien. »

Cette communauté, que son amour de Dieu et de l’Église lui faisait désirer, il la fonda le 25 janvier 1816, en la réunissant dans un ancien monastère des Carmélites d’Aix, où ne subsistaient qu’un délabrement et une pauvreté extrêmes. Le fondateur proposa alors