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AUX GLACES POLAIRES
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Sœurs Grises de Montréal y ont fondé un orphelinat-pensionnat pour Indiens et Blancs, en 1920.

Mac-Murray, riche en ressources minières, est appelée à devenir une ville considérable. Elle est le terminus actuel du chemin de fer vers le Nord.




CHAPITRE X. — Les Mangeurs de Caribous.


Mission Notre-Dame des Sept-Douleurs (Fort du Fond-du-Lac) : latitude, 59,20 ; longitude, 102.
Visiteurs : PP. Grollier (1853-54-55-56 et 1858). — Grandin (1857). — Clut (1859-60-61-62-63-65-66-67-74). — Séguin (1861). — Grouard (1862). — Eynard (1864-70-71-72-73). — Mgr Faraud (1869).
Résidents : PP. Pascal (1875-1881). — De Chambeuil (1881-1893). — Breynat (1892-1901). — Biehler (1900-1911). — Croisé (1902-1903). Laffont (1903-1908). — Bocquené (1908-1909 ; puis 1911-1914). — Riou (1909-1920).


De sept à huit cents congénères des Mangeurs de Caribous fréquentent la mission Saint-Pierre du lac Caribou (Reindeer Lake), latitude, 58 ; longitude, 102.

Cette mission Saint-Pierre, fondée en 1847 par le P. Taché, et dont l’émouvante histoire sera écrite, espérons-le, avec celle du vicariat du Keewatin, auquel elle appartient, fut toujours extrêmement pénible. Son sol de sable et de roches, son climat hudsonien, la pénurie de son bois de chauffage, son isolement ne purent jamais fournir que juste de quoi ne pas mourir de faim et de froid. Ses missionnaires eurent à couvrir par leurs voyages un diamètre de plus de 500 lieues. Évangélisation ingrate entre toutes : les sauvages du lac Caribou n’avaient pas eu l’avantage de posséder les Coureurs-des-bois Canadiens et de s’imprégner, par eux, à l’avance, comme leurs frères du lac Athabaska, du désir de la foi. Ils étaient si nomades aussi ! La conversion du chef ne s’accomplit qu’en 1875 et celle de toute la tribu en 1880. Ce fut le prix de gigantesques efforts. Les missionnaires principaux furent le P. Gasté, le « joyeux petit Père Moulin, plus dur à la fatigue que les sauvages eux-mêmes », le Père Le Goff, « le maître sans égal en langue montagnaise », les PP. Blanchet, Bonnald, Paquette, Ancel, Turquetil.

Le P. Gasté demeura au lac Caribou de 1861 à 1901. Il mourut en 1919. De lui le P. Bonnald a écrit : « Ce bon P. Gasté, je l’ai toujours appelé le Moïse des Montagnais. Il a fallu sa patience, sa longanimité, sa persévérance inébranlable, pour venir à bout de l’indifférence que témoignaient les Mangeurs de Caribous. »

Le P. Turquetil rapporte ainsi une scène qui se passa, à la messe du P. Gasté, servie par le P. Guillet, date et événement qui marquèrent le commencement du mouvement de conversion. C’était le 5 novembre 1870. Le P. Gasté célébrait le service anniversaire de tous ses confrères Oblats défunts.

« — Il revêt les ornements sacrés et s’avance à l’autel. Aussitôt les assistants aperçoivent, à quelques pieds de l’autel, au-dessus de la crédence, de légers nuages de fumée, au travers desquels se dessine une figure humaine, noircie par le feu. Les traits accusent la souffrance résignée. Sur la poitrine, la croix d’Oblat, et sur le col de la soutane, un petit collier de perles blanches imitant le col romain. Seuls, le Père Gasté et le Frère Guillet n’ont rien aperçu. La figure devient blanche et radieuse à l’élévation ; autour de la tête, un nimbe lumineux qui fait briller les nuages environnants. La vision suit tous les mouvements du prêtre à l’autel. À l’absoute, elle se tourne vers le catafalque, faisant face aux assistants, et, après la dernière prière, disparaît légèrement et avec grâce, laissant aux spectateurs l’impression d’une âme grandement réconfortée et joyeuse. Chacun s’empresse de faire mille questions au Père Gasté qui ne