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AUX GLACES POLAIRES

ronnement, supplient Mgr Breynat d’envoyer d’autres prêtres. Et le vicaire apostolique les cherche, ces apôtres, de par les séminaires du Canada et du Vieux-Monde, faisant appel à des cœurs avides d’abnégation et de dévouement.

En attendant que s’achève la formation religieuse et sacerdotale de ces jeunes gens, il a donné aux Esquimaux deux missionnaires occupés d’abord à l’apostolat des Peaux-de-Lièvres et des Montagnais : les Pères Frapsauce et Falaize.

Le Père Frapsauce partit le premier, en 1919, pour s’établir parmi les indigènes. Le Père Falaize dut le rejoindre en 1920. La mission esquimaude est définitivement fondée[1].



Il nous reste, lecteur bienveillant, à vous demander de mêler l’accent de vos prières à la voix du sang des missionnaires, afin de hâter l’heure de Dieu, l’heure où tous les païens des plages hyperboréennes du Nouveau-Monde entreront dans le divin Bercail.

Recommandez-les au Sacré-Cœur, par Marie Immaculée.

La Très Sainte Vierge veille particulièrement sur les Esquimaux : Elle se doit de les convertir. C’est le 15 août qu’elle les donna au Père Rouvière ; c’est en ses fêtes qu’elle les lui ramenait en nombre ; c’est à Notre-Dame du Rosaire que Mgr Breynat avait prescrit aux missionnaires de dédier

  1. Encore un deuil ! Encore une victime ! À ce chapitre déjà imprimé, il ne nous est plus possible d’ajouter que cette note, résumant une lettre écrite par le Père Falaize lui-même, du Grand Lac de l’Ours, le 6 janvier 1921, et que vient de recevoir Monseigneur, notre Supérieur général.

    Arrivé le 21 octobre 1920 à la mission esquimaude, le Père Falaize n’y trouve pas le Père Frapsauce. On l’informe que celui-ci, pressé par la disette des vivres, est parti à la pêche, sur le lac gelé, et qu’il doit rentrer d’un jour à l’autre. Le 25, le Père Falaize, inquiet, part à la recherche de son confrère. Il ne rencontre que les traces de son attelage, qui s’arrêtent à une glace brisée. Le missionnaire avait sombré là, la veille, 24 octobre, avec ses chiens et son traîneau.

    Nos missions du Mackenzie perdent un apôtre de tout dévouement. Heureux d’avoir été choisi parmi ceux du vicariat qui s’étaient unanimement proposés pour faire la relève des deux martyrs, le Père Frapsauce n’avait plus qu’un rêve : se sacrifier entièrement à son tour pour la conversion des Esquimaux… Et c’est encore dans le mois du Rosaire que le sacrifice a été consommé.

    Le 25 décembre suivant, sous le toit de neige de la pauvre chapelle inachevée du Père Frapsauce, le Père Falaize eut la consolation de baptiser les prémices de la mission esquimaude du Grand Lac de l’Ours : trois adultes et deux enfants…