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LES ESQUIMAUX

Il partit joyeusement, le 5 juillet 1911, remonta le Mackenzie depuis le fort Good-Hope jusqu’au fort Norman ; s’engagea, avec sa chapelle, quelques outils et des provisions de bouche, dans la rivière de l’Ours ; et atteignit le Grand Lac de l’Ours dont elle est le déversoir. Traversant ensuite les 250 kilomètres du grand lac, il aborda sur la rive nord, au fond de la baie Dease.

Hélas ! les Esquimaux avaient déjà levé leur camp, pour s’acheminer vers leurs quartiers d’hiver, sur l’océan Arctique.
R. P. Rouvière
Mais, loin de se laisser abattre, le Père Rouvière poursuivit sa route sur leurs traces.

Il lui fallait remonter l’affreusement sinueuse et rapide rivière Dease, traînant son canot et marchant dans l’eau, la moitié du trajet. Lorsque l’esquif refusa d’escalader les cascades de plus en plus menaçantes, il l’abandonna et continua à pied sa marche intrépide… Enfin, lorsqu’il eut bien peiné, bien pâti, bien soupiré après ses chers Esquimaux, la douce Vierge Marie daigna les lui montrer.


Écoutons-le raconter lui-même, dans une lettre crayonnée sur ses genoux, et adressée à son évêque, dans quelles circonstances eut lieu sa première entrevue avec ses ouailles tant désirées :


Monseigneur et bien-aimé Père,

Vous m’avez envoyé évangéliser les Esquimaux. La rencontre a eu lieu le 15 août, vers 7 heures du soir ; et c’est la Sainte Vierge, que je n’ai cessé de prier, qui a guidé mes pas.

Depuis trois jours j’avais quitté mon canot et je parcourais les steppes, lorsque j’aperçus tout à coup, sur le sommet d’une colline, trois êtres vivants… Étaient-ce des caribous, étaient-ce des hommes ? Pour m’en assurer, je hâtai le pas dans leur direction. Au bout de dix minutes, j’aperçus une foule de gens sur