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LES ESQUIMAUX

Esquimaux. Mais, durant les sept ans qu’il travailla pour eux (1890-1897), soit au fort Mac-Pherson, où ils venaient vendre leurs fourrures, soit à l’île Richard, embouchure Est du Mackenzie, où il alla deux fois ; soit encore à l’ile Herschell, dans l’Océan, où il visita trois fois la tribu des Natavels, aucune conversion sérieuse ne s’accomplit. Les consolations du Père Lefebvre se bornèrent à quelques baptêmes d’enfants ou d’adultes, à l’article de la mort. Que pouvait du reste un prêtre, en de courtes apparitions, contre ce paganisme que n’avait pu commencer à amollir l’influence des Coureurs-des-bois, précurseurs, si précieux ailleurs, de la religion catholique ? Cependant le protestantisme, déjà puissant au fort Mac-Pherson, prit pied à l’île Herschell, dès que la Compagnie Baleinière du Pacifique, de San-Francisco, commença à y amarrer ses navires et que les ministres prêchèrent aux Esquimaux une religion plus en harmonie que la nôtre avec leurs mœurs.

Ce triomphe de l’erreur fut, et demeure, la plaie saignante de nos plus belles missions du Mackenzie. Évêque et missionnaires ne s’en consoleront, que lorsque Dieu aura suscité les apôtres et les ressources qui permettront à la vérité d’aller lutter, sur place, corps à corps, avec le paganisme et l’hérésie.


La deuxième tentative d’évangélisation des Esquimaux par les Oblats eut pour théâtre les côtes de l’Alaska, depuis la Pointe Barrow jusqu’à l’île Saint-Michel (mer de Berhing). D’octobre 1873 à septembre 1874, le Père Lecorre suivit toutes les baies qui fouillent le continent, en prêchant l’Évangile. Il baptisa beaucoup d’enfants et prépara les voies aux Pères Jésuites, qui vinrent quatre ans plus tard[1]. Au cours de ces voyages, le Père Lecorre échappa plusieurs fois, par des interventions providentielles, aux coups de poignard et de fusil que des sorciers avaient juré et tenté de lui porter.


Le troisième essai d’évangélisation partit du lac Caribou, en 1868. Le Père Gasté, missionnaire des Montagnais de

  1. Voir chap. VIII.