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LES ESQUIMAUX

gents. On ne peut les appeler, comme on le fait de nos autres Indiens, de grands enfants. Ils n’en ont ni la niaiserie, ni la vantardise. Tandis que les Dénés ne se lasseraient pas de vous faire admirer leurs ouvrages, quelquefois bien beaux, je le veux bien, les Esquimaux seront les premiers à trouver des défauts dans leurs chefs-d’œuvre et à vous les faire remarquer, déterminés à mieux faire.

Quoiqu’il me déplaise de médire de ces braves gens, — car, il y en a de bons, de très bons. — puisque l’on veut que j’exprime toutes mes impressions, allons-y.

Leurs mœurs sont déplorables. Ils ne changent pas facilement
Enfant du catéchisme
de femmes ; mais, entre amis, ils se les prêtent couramment. Il n’est inconvenances qu’ils ne se permettent. Enfin, sauf quelques rares exceptions, ils sont menteurs et voleurs. Ils abandonnent facilement leurs enfants, nés durant l’été. Il y a trois ans (1916), j’ai failli être tué par Anantclick, l’ami de Sinnisiak, l’un des meurtriers de nos missionnaires. Je m’en doutais alors. Je l’ai su positivement ensuite. L’inspecteur French, de la gendarmerie, se vit à un doigt de la mort également, il y a deux ans. Bref, l’immoralité et le vol sont, je pense, les vices capitaux en faveur, et le meurtre n’en est qu’une conséquence…


C’est à déraciner de ces âmes le règne de Satan que les Oblats de Marie Immaculée travaillent depuis plus d’un demi-siècle.


Les Oblats ont pris contact avec les Esquimaux sur quatre étendues des terres arctiques américaines : 1o à l’embouchure du fleuve Mackenzie ; 2o sur la côte nord de l’Alaska ; 3o du lac Caribou à Chesterfield Inlet ; 4o du nord du Grand Lac de l’Ours au golfe du Couronnement[1].

  1. L’évangélisation des Esquimaux fut entreprise aussi sur la côte du Labrador, en 1875, par le Père Laçasse O. M. I. Il quitta N.-D. de Bethsiamits pour se rendre à la Baie des Esquimaux. Il trouva les indigènes ameutés contre les prêtres catholiques par la secte des Frères Moraves. Ces Frères Moraves, commerçants de fourrures avant tout, occupaient 150 lieues de la côte du Labrador ; et, s’ils faisaient des adeptes, ce n’était que par l’éclat du culte extérieur et la facilité de leur doctrine. Le Père Laçasse voulut traverser ces 150 lieues du domaine de l’hérésie et de la cupidité, afin d’atteindre les Esquimaux purement païens du Nord ; mais des malheurs de