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AUX GLACES POLAIRES

Le Père Giroux garda la mission du Saint Nom de Marie, en compagnie du Frère Louis Beaudet, jusqu’en 1902 ; et absolument seul, de 1902 à 1904[1].

Depuis 1905, le Père Lécuyer s’occupe de la tribu des Loucheux. À l’étonnement de ceux qui le virent partir du scolasticat de Liège pour si loin, tout pâle, n’ayant plus qu’un poumon, il pourrait répondre aujourd’hui (1920), en montrant la joyeuse couleur de ses joues, que l’ardeur apostolique et la bise de l’océan Glacial sont de fameuses gardiennes de la belle humeur et de la santé.


De la mission du Saint Nom de Marie, soit qu’elle fût au. fort Mac-Pherson, soit qu’elle fût à la Rivière Rouge Arctique, les missionnaires se sont élancés à la recherche des portions disséminées de leur bercail.

Le Père Lefebvre alla deux fois chez les Esquimaux de l’Île Richard, à l’extrême embouchure orientale du Mackenzie, et trois fois chez ceux de l’Île Herschell, à quatre jours de barque dans l’océan Glacial même. C’est comme par miracle qu’il revint du premier de ses voyages à l’Île Richard.

Les Esquimaux avaient promis de le reconduire au fort Mac-Pherson ; mais, le temps venu, personne ne voulut partir. Le père remonta 50 kilomètres du delta du Mackenzie, dans l’espoir de rencontrer un camp de pêcheurs Loucheux. Au lieu de ces bons Indiens, il ne trouva que quelques familles esquimaudes. L’une d’elles accepta de le transporter, moyennant une très forte rétribution. C’était le 19 août. Le 24 seulement il plut à l’Esquimau de commencer la route. En deux jours de rame, il fit une dizaine de lieues. Voyant alors le missionnaire à sa merci, il lui déclara, menaçant, qu’il n’irait pas plus loin, au prix convenu. Le père, incapable de se plier à ses exactions, et comprenant d’ailleurs qu’il avait tout à redouter de ce fourbe sauvage,

  1. Rentré à Good-Hope pour l’hiver, il retourna à la mission du Saint-Nom de Marie, en 1905, pour y installer le Père Lécuyer. De là, il s’en fut au fort Providence, comme supérieur de la mission, jusqu’en 1915. De la Providence, il retourna à Good-Hope. En 1919, réduit par la fatigue, il dut être rapatrié dans la province de Québec. Il a certes bien mérité du Mackenzie, en ses trente ans de missions polaires.