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AUX GLACES POLAIRES

Rentré le 3 août, il repartait le 3 septembre, sur un ordre de Mgr  Grandin, qu’apportait le courrier. Le prélat l’envoyait au fort Youkon même ; et, cette fois, il avait pour compagnon de barge un révérend métis, célibataire, M. Mac Donald, que l’administration anglicane avait choisi, en réponse à la constante objection des sauvages contre « l’Anglais, homme d’une femme ».


R. P. Séguin
Le 23 septembre, ministre et prêtre étaient au fort Youkon.

Le Père Séguin n’eut qu’à constater que les douze ou treize cents Indiens de la région étaient invinciblement attachés au thé, au tabac et au protestantisme. Le coupable de premier plan, ici, était l’interprète, un certain Houle, apostat et serf du ministre, omnipotent parmi les Peaux-Rouges. Il leur prêchait la liberté de la polygamie et de la dissolution.

Le missionnaire passa tout l’hiver, accablé du mépris des blancs et de l’arrogance des indigènes.[1]

Le 3 juin 1863, il repartit pour Good-Hope, où il arriva après trente-cinq jours d’une marche et d’une navigation extrêmement dures, en s’écriant :

— Mais c’est ici le paradis !

Il ne raconta point son voyage. Il eut cependant à déclarer qu’il s’était heurté le pied avec une telle violence que l’ongle d’un orteil en était parti, car, à la place de cet ongle, et par suite de la nature maligne de la blessure, il poussa une dureté de corne qui dut être sciée deux fois annuellement. Un rhumatisme, contracté dans les montagnes, lui resta aussi, toute sa vie.

  1. L’évangélisation du fort Youkon fut tentée deux autres fois, avec le même insuccès, par le Père Petitot, l’été 1870, et par Mgr  Clut, avec le Père Lecorre, l’hiver 1872-1873. Cf. chap. VIII.