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LES PEAUX-DE-LIÈVRES

durant les trois ans qui le séparent encore de su tombe ? Il voyage, il enseigne, il réprimande, il encourage, il écrit : chacun de ses actes, chacune de ses respirations est un élan de son être, « pour la gloire de Dieu et le salut des âmes ».

« — Le zèle, disait Mgr  Grandin, le zèle inimitable du Père Grollier éclipsait toutes ses autres vertus. » Ce zèle était dirigé, implacable, furieux — trop implacable, trop furieux, trouvait Mgr  Grandin[1] — contre l’homme ennemi, contre le protestantisme.

À qui lui reprochait sa violence, il demandait depuis quand la vérité n’était pas intransigeante ; et il ajoutait qu’il était de Montpellier, où l’on savait ne pas dormir, et que de Montpellier aussi était saint Roch, son modèle dans l’âpreté à combattre la rage de l’erreur :


J’arrivai au fort Simpson, le 16 août, fête de saint Roch, saint natif, comme moi, de Montpellier, avait-il écrit en 1858. Je me regardais comme conduit là par mon cher concitoyen, maintenant citoyen des cieux. Lui aussi avait quitté notre ville natale et sa patrie, et s’était fait pèlerin sur la terre pour la cause de Dieu et le salut des âmes. À cause de cette harmonie d’une même vocation entre deux enfants d’une même cité, je crus voir un heureux présage dans la coïncidence de mon arrivée au fort Simpson, le jour de la fête de saint Roch.


Or, de tous côtés, le protestantisme l’agaçait ; non pas au fort Good-Hope, — il y eût fait trop mauvais pour le prédicant, — mais au fort Norman, chez les Loucheux, chez les Esquimaux, par delà les montagnes Rocheuses.

En juin 1860, il va au fort Norman, combattre Kirby. De là, il court au fort Simpson, pour rencontrer le Père Gascon et l’envoyer au fort des Liards. De Simpson, il descend d’un trait, brûlant Norman et Good-Hope, jusqu’au fort Mac-Pherson sur la rivière Peel, qui se jette dans les bouches du Mackenzie, à 430 kilomètres, passé le cercle polaire.

  1. De Mgr  Grandin cette appréciation encore :

    « Ce cher père avait un zèle trop grand ; mais le bon Dieu l’a fait tourner à sa gloire. Le Père Grollier a fait des choses dont un supérieur peut se réjouir, quand elles ont réussi ; mais qu’il n’aurait jamais pu commander, ni même conseiller. Si nos missions ont pris une telle extension sur le Mackenzie, c’est, en grande partie, grâce au zèle du Père Grollier. »