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LES PEAUX-DE-LIÈVRES

Norman contemple, par delà la largeur du fleuve, et par-dessus les collines moutonnantes de l’ouest, les fines et blanches crêtes des montagnes Rocheuses elles-mêmes.

À un kilomètre en aval de la mission, une eau bleue et froide s’unit, refusant longtemps d’y mêler sa pureté, au boueux Mackenzie : c’est la rivière de l’Ours. Elle descend du Grand Lac de l’Ours, en longeant, sur sa droite, une chaîne de monts qui s’arrêtent brusquement à leur tour, au confinent, par un énorme Rocher-qui-trempe-à-l’eau.


Première maison-chapelle du fort Norman

Cette rivière de l’Ours, terreur permanente des missionnaires, dévale d’une hauteur de 200 pieds, sur ses 130 kilomètres de longueur. À un canot qui la descend en une demi-journée, il faut, pour la remonter, des semaines de luttes constantes avec ses flots. Dans certains de ses rapides, le voyageur doit s’arc-bouter sur des perches qu’il appuie aux écueils, certain, s’il lâche prise, de se voir aussitôt saisi par les bouillons furieux et broyé contre les récifs…

Le Grand Lac de l’Ours (Great Bear Lake) dépasse en superficie le Grand Lac des Esclaves[1]. La disposition des cinq baies qui le composent, comme les lobes d’une astérie, et dont le regard d’un observateur placé au point central

  1. 250 kilomètres du nord-est au sud-ouest, sur 200 du nord-nord-ouest au sud-sud-ouest, d’après l’évaluation de Franklin.

    Les baies sont : Keith, Smith, Dease, Mac-Tavish et Mac-Vicar.