Le 23 août, de grand matin, le frère Hand se leva, fit sa prière, sa méditation, et, en attendant l’heure de la messe, alla visiter les rets pour y prendre les vivres de la journée. À six heures, le Père Gascon entendit des cris :
— Le frère se noie !
Il avait disparu, et son canot flottait, renversé, à l’endroit d’un filet, sur le lac tranquille.
On découvrit son corps, le lendemain.
Le Père Gascon remarqua la figure ensanglantée, sans
se demander pourquoi. Il
R. P. Bousso.crut que le frère avait simplement
chaviré, bien que,
marin dans l’âme, il eût fait
plusieurs fois, par des gros
temps, la traversée du
Grand Lac des Esclaves, en
canot d’écorce. Les Indiens
présents à l’ensevelissement
cachèrent la vérité qu’ils
savaient ; mais ils la révélèrent
plus tard au Père
Gourdon. C’était un sauvage,
qui, en tirant des canards,
avait blessé le frère
assez grièvement pour le
jeter à l’eau.
Le Père Gascon tâcha de tenir encore quelques mois, à la Rivière-au-Foin ; mais le vide laissé par son collaborateur bien-aimé ne put se combler, et le missionnaire regagna la mission Saint-Joseph, pour la Noël.
La mission Sainte-Anne ne reçut que de rares visites, jusqu’en 1878. Alors vint l’abandon presque complet, faute de missionnaires, faute aussi de docilité de la part de ces Esclaves.
En 1893, le révérend Marsh vint s’établir, à la demande des sauvages eux-mêmes ; et, lorsque, l’année suivante,