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AUX GLACES POLAIRES

nat ne perdit qu’un orteil, au lac Athabaska : le Père Moisan en laissa deux, au fort des Liards. Ce fut le jour de sa fête, en la saint François-Xavier, 3 décembre 1906, qu’il se les gela.

Comme la rivière la Paix, la rivière des Liards est presque dépourvue de poissons ; et la mission ne peut s’approvisionner qu’au lac Beauvais ! situé à 40 kilomètres du fort, à travers le bois. Le Père Moisan rentrait avec la dernière charge du poisson d’automne, trottant à la suite du traîneau, quand, à une lieue de la mission, il cala dans un marais. Il faisait très froid, et l’eau se congela sur ses pieds. Il eut beau hâter sa coursé, deux orteils du pied droit, « le gros et le voisin », étaient perdus.

Après un mois de souffrances et de soins inutiles, le Père Gouy les coupa, avec son couteau de poche.



Mission Saint-Paul (Fort Nelson)

À quelque 80 kilomètres de remonte depuis le fort des Liards, se rencontre, sur la droite dé la rivière des Liards, son principal affluent : la rivière Nelson.

Elle descend du sud, et coule tout entière dans le territoire de la Colombie Britannique.

Le fort Nelson est établi sur sa gauche, 160 kilomètres en amont, à l’abouchement de plusieurs petites rivières.

Ces 240 kilomètres qui séparent la mission Saint-Raphaël de la mission Saint-Paul, sa succursale, ne peuvent se franchir que péniblement. La rivière Nelson, quoique plus étroite et moins rapide que la rivière des Liards, déconcerte les canots par ses replis continuels. L’hiver, sa vallée emprisonne des neiges épaisses, molles, adhérentes, que le piéton doit souvent fouler deux fois pour les rendre praticables à son attelage.

Les grèves de la Nelson, hautes, fortement boisées, de terre noire aussi friable que fertile, se transforment sans cesse, attaquées qu’elles sont par les crues brutales de la saison chaude. Elles se laissent détacher par bastions et déposer telles quelles,’avec leur végétation, au milieu du