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LES ESCLAVES

langue Esclave, en même temps que son vicaire du dehors. Elle aimait à lui expliquer les us et coutumes de la tribu. Ainsi, comme le père lui manifestait quelque surprise de trouver beaucoup de femmes sans nez :

— C’est qu’elles n’ont pas été sages, au gré de leurs maris, dit-elle. On leur coupe le nez afin de les corriger.

De fait, à peu de temps de là, comme le Père Grouard faisait sa méditation du soir, sous sa tente, il entendit des
RR. PP.
Bézannier, Andurand. Le Guen.
cris de bataille. Comme il sortait pour s’informer, il vit arriver, implorant de lui refuge et secours, une femme dont le nez et la lèvre supérieure pendaient sur le menton, ne tenant plus qu’à un fil de chair.


Il venait autrefois au fort des Liards, outre les Esclaves, qui sont la population principale, deux tribus dénées des montagnes Rocheuses : les Nahanès et les Gens de la Montagne, ces derniers dits également, mais comme par antiphrase, les Mauvais-Monde[1].

Au regret des missionnaires, Nahanès et Mauvais-Monde ont maintenant disparu, « détruits par les maladies et la famine ».

De quelle dégradation et avec quel empressement ces sauvages vinrent à l’envoyé de Dieu, le Père Grouard l’a écrit, au lendemain de sa visite apostolique de 1867 :


Je fis une quarantaine de baptêmes, au fort des Liards. Plusieurs nouveaux sauvages se présentèrent à moi, et Dieu sait s’ils avaient besoin d’entendre la bonne nouvelle ! Aussi était-ce évidemment la grâce qui me les amenait, car en entrant dans la

  1. « Je n’ai jamais vu de meilleur monde que ces Mauvais-Monde, » dit Mgr  Grouard.