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LES ÂMES

pleinement développé au xixe. Le xxe en verra l’achèvement. [1]

Nous devions ce salut de compassion aux anciennes nations trouvées par nos pères, dans le Bas-Canada et le Nord-Ouest : nations évangélisées par nos missionnaires, et dont les tristes débris étaient sur le chemin que nous avions à suivre, pour atteindre, plus loin, beaucoup plus loin, dans les régions polaires, les deux grandes familles indigènes, que nous n’avons pas encore nommées, et qui sont l’objet de notre ouvrage : la nation des Dénés et les Esquimaux.

Nous voilà transportés, avec les Dénés et les Esquimaux, à plus de 3.000 lieues de la France, parmi des sauvages découverts par les coureurs-des-bois, guides de la Compagnie du Nord-Ouest, vers 1780 ; par l’Église Catholique en 1844 ; et vivant encore maintenant dans l’état de nature, qui fut celui des Algonquins, Hurons et Iroquois, au xvie siècle.

  1. Fervents chrétiens avant tout, les découvreurs français du Canada firent aller de pair la colonisation et l’évangélisation des indigènes. François Ier, sur le rapport de Jacques Cartier, voulut « convertir les sauvages à la foi, et établir ses sujets au milieu d’eux ». Champlain, que sa grande âme de catholique et de patriote a fait appeler « le véritable fondateur de la Nouvelle-France », réalisa le désir de Jacques Cartier et du roi de France, en obtenant les premiers missionnaires. Après lui, tous les explorateurs seront accompagnés, sinon précédés, par le prêtre.

    Les Récollets arrivèrent en 1615, les Jésuites en 1625, les Sulpiciens en 1657. En 1659, le vicariat apostolique de Québec, plus vaste que l’Europe, fut érigé. Deux cent soixante ans plus tard, le 2 avril 1918, S. Ex. Mgr Stagni, quatrième nonce apostolique au Canada, pouvait écrire, en sa lettre d’adieu à S. Em. le cardinal Bégin, archevêque de Québec, et aux 43 archevêques et évêques de la Puissance du Canada et de Terre-Neuve :

    « Votre nation, dont l’univers entier vante la culture intellectuelle et les progrès matériels, s’est acquis une réputation plus invincible encore dans le domaine religieux. La hiérarchie catholique, laquelle n’y remonte même pas à trois siècles, se pare chaque jour d’une gloire et d’un éclat nouveau, tant par le nombre que par l’éminence des vertus de ses membres. »

    On ne pouvait, en moins de mots, ni avec plus d’autorité, exprimer la rapidité du jeune continent à passer de l’état primitif à l’état d’une nation complètement européenne, au commerce mondial et au catholicisme florissant.